Une référence de qualité et de goût, du producteur au metteur en marché et au consommateur à travers le temps.
Dans le domaine de la génétique fruitière, les obtenteurs travaillent souvent en marge de l’activité générale de production et de mise en marché des fruits. On est ici sur des processus de création à rythme au minimum décennal : il faut en moyenne 20 à 30 ans entre l’acte d’hybridation et la diffusion commerciale de la variété qui en est issue. Ce qui veut dire qu’aujourd’hui encore, on vit avec le produit de travaux de création relativement anciens.
Une étape majeure a été franchie dans les années 90 avec la mise à disposition du Certificat d’Obtention Végétale Communautaire qui a donné une vraie valeur économique à l’innovation génétique en permettant de protéger le fruit. Le succès de démarches intégrées autour de marques commerciales a par ailleurs stimulé l’émergence de programmes de création chez des opérateurs privés, des instituts, des agriculteurs, qui cherchent soit à se différencier par des produits exclusifs, soit à développer un véritable objectif économique autour de leurs obtentions.
Si la demande du marché, les attentes sociales ou les contraintes techniques et environnementales guident la création variétale, l’hybrideur a toujours une responsabilité forte sur l’innovation que le marché adoptera ou pas demain. Le marché exprime des besoins, mais l’innovation vient toujours essentiellement des chercheurs qui travaillent sur un pas de temps d’au minimum 20 ans. Or qui peut savoir ce que sera le marché dans 20 ou 30 ans? C’est donc aux opérateurs de capter l’innovation en fonction des besoins techniques ou des marchés permettant ainsi la rémunération d’un travail engagé plusieurs décennies en amont ! Le marché n’adopte pas toujours spontanément l’innovation. Il faut alors se doter de moyens de diffusion adaptés pour la mettre en avant, succès non garanti !
Si la création variétale doit aboutir à l’émergence de produits nouveaux, la différenciation effective des opérateurs sur le marché par la création variétale est cependant plus limitée: beaucoup d’hybrideurs travaillent avec des ressources génétiques souvent communes. Et aller rechercher des souches « exotiques » demande un effort supplémentaire et génère automatiquement un pas de temps encore plus long pour intégrer la nouvelle génétique au préexistant.
Une génétique innovante ne suffit pas toujours pour assurer le plein succès de l’innovation ! La véritable innovation consiste en effet à combiner une génétique singulière avec un parcours adapté pour lui permettre sa pleine expression et garantir l’accompagnement qualitatif du produit jusqu’au consommateur, et un modèle économique spécifique permettant la mise en avant du caractère effectivement innovant du produit mis sur le marché et un juste partage entre tous les acteurs de la filière du progrès économique apporté par la création variétale.C’est la bonne combinaison de ces trois paramètres qui a fait le succès de Pink Lady®.
Il faut aussi remarquer que les exclusivités limitent par nature la diffusion, moyennant quoi l’innovation ne contribue pas toujours à développer la consommation globale : celle-ci nécessite une vraie généralisation de l’innovation, ce qui est de moins en moins le cas avec la tendance à la privatisation de l’innovation génétique.